4. Otarelle

Après une semaine de voyage, le drakkar était toujours en mer. Les béorites avaient peu mangé et beaucoup ramé. Ils commençaient à devenir agressifs et espéraient mettre bientôt le pied sur une île. Ils avaient besoin de bien se repaître et de dormir quelques jours d’affilée. Kasso avait repéré sur ses cartes un bout de terre où ils pourraient se reposer. Malheureusement, l’île était encore invisible dans l’immensité de cet océan.

— Alors, on arrive ? cria Piotr le Géant. J’en ai marre de ramer jour et nuit.

— Je ne comprends pas…, répondit Kasso en haussant les épaules. L’île devrait être là, juste devant nous ! De l’endroit où nous nous trouvons, nous devrions la voir.

— Si on avait un bon navigateur aussi, reprocha Goy, on y serait peut-être déjà sur cette foutue île !

— Attention, mon frère ! menaça Kasso. Si tu me cherches, tu vas me trouver !

— NOUS SOMMES PERDUS ! cria Hulot, paniqué. Nous ne toucherons jamais terre, nous ne reverrons jamais Upsgran ! Je suis certain que nous tournons en rond depuis deux jours…

— Mais non, intervint Banry, nous ne tournons pas en rond et tout se passe exactement comme prévu. La mer est belle, le vent est bon et nous nous reposerons bientôt !

— Je suis CERTAIN que nous sommes perdus et c’est de ta faute, Kasso ! insista Hulot en s’agitant derrière sa rame. Tu as perdu ton don ! Voilà ce qui se passe ! Freyja est contre nous et nous mourrons tous en mer.

— Tais-toi, Hulot ! ordonna Banry. Tu nous sapes le moral. Il reste encore des provisions pour un mois… Tu ne mourras sûrement pas de faim !

— Je vais monter au mât, dit Kasso. Tiens le cap, Banry. J’aurai une meilleure vue de là-haut.

Kasso scruta l’horizon avec minutie. Rien ! Il n’y avait rien à des lieues à la ronde. Alors qu’il allait redescendre, son attention fut attirée par un objet qui flottait non loin du drakkar.

— Je vois quelque chose, cria-t-il. Vire à bâbord, Banry… On dirait… mais oui, cela ressemble à un corps qui flotte !

Le navire s’approcha doucement de l’endroit qu’indiquait Banry. À leur grande surprise, les béorites constatèrent qu’il s’agissait bel et bien d’un corps. Celui d’une jeune sirène !

Après l’avoir hissée à bord, on l’allongea délicatement sur le plancher du drakkar. Les hommes-ours, qui n’avaient jamais vu de sirène de leur vie, la regardaient sans savoir quoi faire, ni comment lui porter secours. Habitués aux horribles merriens qu’ils avaient souvent combattus, ils étaient surpris par la délicate beauté de cette créature de la mer. Elle avait les cheveux très longs et très noirs dans lesquels jouaient des reflets bleutés. Sa peau, blanche comme la première neige de l’hiver, faisait ressortir ses lèvres vermeilles. Elle portait au cou une chaînette en or dont le pendentif était un petit coffre de bois. Habillée d’un léger vêtement d’algues marines, d’une ceinture de coquillages blancs reliés les uns aux autres et séparés en leur centre par une bourse en cuir, la pauvre sirène semblait respirer difficilement. Elle n’avait évidemment pas de jambes, mais une magnifique queue de poisson aux nageoires bien pointues.

En regardant le visage ahuri des membres de l’équipage, Amos se rappela sa première rencontre avec une sirène. C’était dans le royaume d’Omain, dans la baie des cavernes, Crivannia, princesse des eaux, lui avait offert une pierre blanche et confié la mission de se rendre au bois de Tarkasis. C’était grâce à elle qu’il était devenu porteur de masques, grâce à cette première aventure qu’il avait rencontré Béorf.

Amos se pencha naturellement vers la sirène pour écouter les battements de son cœur. Il battait très faiblement ! Le jeune porteur de masques essaya de la ranimer en lui parlant doucement à l’oreille. En même temps, en utilisant ses pouvoirs, il força l’air à pénétrer dans les poumons de la jeune rescapée. Elle respira immédiatement avec plus de facilité.

La sirène ouvrit alors lentement les yeux. Amos plongea son regard dans de magnifiques prunelles noires et profondes qui l’ensorcelèrent. Il sentit son cœur s’emballer, ses mains devenir moites et sa bouche s’assécher. Le jeune porteur de masques venait, à cet instant précis, de connaître pour la première fois l’amour.

— Bonjour, dit la belle sirène d’une voix mélodieuse. Je m’appelle Otarelle. Qui es-tu, jeune homme, et qui sont ces hommes qui m’entourent ? Où suis-je ?

— Une question à la fois, Otarelle ! répondit tendrement le garçon. Je m’appelle Amos Daragon, ces hommes sont des amis et tu es sur un drakkar. Nous venons à l’instant de te repêcher ! Tu flottais, inconsciente, à la dérive.

— Je ne me rappelle plus ce qui est arrivé… déclara Otarelle en essayant de s’asseoir.

— Reste allongée encore un peu, lui conseilla Amos. Tu dois reprendre des forces. La mémoire te reviendra sûrement ensuite…

— Tu es d’une grande délicatesse, jeune homme. J’ai eu de la chance d’être sauvée par de bonnes âmes ! De plus, tu es plutôt joli garçon…

Amos devint rouge comme une pomme bien mûre et tout l’équipage éclata de rire. On se moqua gentiment de lui. Béorf s’approcha de son ami et lui dit à l’oreille :

— Tu es encore plus joli garçon quand tu es tout rouge !

— Arrête, Béorf, ce n’est pas drôle ! se défendit Amos en repoussant son ami. Je suis rouge… je suis rouge parce que… parce que j’ai pris un coup de soleil ! Voilà, c’est tout !

— Bizarre ! Il n’y a pas de soleil aujourd’hui. Je dirais même que le temps est couvert…

— Ah, heu… Tu me casses les pieds, Béorf ! Mêle-toi de tes affaires et rame. Ce n’est pas avec tes bêtises que nous trouverons cette île !

— D’accord, joli garçon ! répliqua Béorf. Je me tais.

— TERRE ! JE VOIS LA TERRE ! cria Hulot à pleins poumons. NOUS SOMMES SAUVÉS, NOUS SOMMES SAUVÉS !

— TAIS-TOI, HULOT, ET RAME ! ordonna Banry. Nous ne sommes pas sauvés parce que nous n’étions pas en péril ! Kasso avait raison, l’île est juste là… Allons-y, mes amis !

*   *

*

Poser le pied sur l’île fut un grand soulagement pour tous les membres de l’équipage. Les béorites étaient d’excellents navigateurs, mais ils étaient plus à l’aise sur la terre ferme.

On monta rapidement la grande tente et on sortit les provisions. Hulot commença à cuisiner pendant qu’Amos et Béorf préparaient un endroit pour accueillir la jeune sirène. Après tout, elle ne pouvait pas marcher et…

— Puis-je vous aider à faire quelque chose ? demanda Otarelle.

Elle était à côté d’eux, bien plantée sur deux jambes ! Béorf eut une expression d’incompréhension. Mais où était donc passée sa queue de poisson ?

Otarelle portait une longue jupe bleu foncé très légère et des souliers pointus. Amos se frotta les yeux et balbutia :

— Mais… ta queue de… Tu… mais tu as des jambes !

— Mais oui, répondit le plus innocemment du monde la sirène. Nous, les sirènes, pouvons aussi nous adapter aux conditions terrestres.

— C’est merveilleux ! s’exclama Amos en souriant affectueusement.

— Je n’ai jamais entendu parler de cela ! s’étonna Béorf. Si les sirènes ont ce pouvoir, comment se fait-il, Amos, que lorsque tu as rencontré Crivannia, elle s’était réfugiée dans une grotte près de la mer au lieu de fuir plus loin dans les terres ? Elle était pourchassée, non ?

— Arrête de chercher des poux à Otarelle ! répondit agressivement le porteur de masques. Elle doit savoir ce qu’elle dit, puisque C’EST une sirène !

Puis, se tournant vers Otarelle, il murmura :

— Je suis désolé pour Béorf, il est un peu bêta parfois !

— Mais non, ce n’est rien, dit Otarelle en posant délicatement sa main sur l’épaule d’Amos.

— Pardon ? s’écria Béorf. Tu viens de dire que, MOI, je suis bêta ! ! !

— Arrête, Béorf, tu es trop soupe au lait ! lui lança Amos sur un ton sec.

— Bon, je préfère partir… On se verra plus tard.

Amos ne retint pas son ami et se mit à converser avec Otarelle. Ils firent un feu de camp à l’écart des autres membres de l’équipage. Amos étendit une grande couverture près du feu et, ensemble, ils mangèrent devant un magnifique coucher de soleil. Les deux tourtereaux discutèrent longuement de choses et d’autres, apprenant ainsi à mieux se connaître. Otarelle était splendide et Amos buvait ses paroles comme un assoiffé dans le désert. Il eut l’impression, à un moment donné, que le temps s’était arrêté.

Après leur gargantuesque repas, les béorites allèrent bien vite se coucher dans la grande tente. Béorf vint dire bonne nuit à son ami, mais Amos, absorbé par les propos de sa nouvelle copine, n’entendit rien et l’ignora complètement.

— Mais que se passe-t-il ? demanda innocemment la sirène d’une voix cristalline. Tout l’équipage est parti se coucher ?

— Oui, confirma Amos. Ils vont sûrement dormir trois jours ! Nous serons seuls pendant tout ce temps. J’espère avoir assez de conversation pour ne pas t’ennuyer !

— Je crois que tu n’es pas le genre de garçon avec lequel on s’ennuie ! lança Otarelle sur un ton complice. Raconte-moi, tu es magicien ? C’est bien ce que tu m’as dit ?

Amos ne se rappelait pas lui avoir parlé de ses pouvoirs, mais il chassa vite ses doutes. Otarelle était si jolie…

— Oui. Je suis porteur de masques.

— Intéressant, mais qu’est-ce que tu fais comme magie ?

— J’ai été choisi par la Dame blanche pour rétablir l’équilibre du monde ! se vanta Amos. Ce n’est pas qu’une petite tâche ! Je dois trouver quatre masques, reliés aux quatre éléments, et seize pierres de puissance. Plus je possède de pierres et plus mes pouvoirs sur l’air, le feu, l’eau et la terre sont grands !

— Et où sont-ils, ces fameux masques, monsieur le grand magicien ? demanda la coquine Otarelle.

— Je ne les ai pas… Enfin, oui, je les ai, mais je ne peux pas te les montrer. Ils sont intégrés à mon corps. J’ai trouvé en premier le masque de l’air, puis le masque du feu et dernièrement le masque de l’eau. Je ne possède que trois pierres de puissance, une pour chaque élément ! Elles sont aussi intégrées à mon corps.

— Très intéressant comme façon d’acquérir de la magie, mon cher Gunther ! murmura Otarelle.

— Pardon ? fit Amos. Pourquoi m’appelles-tu Gunther ? Tu as oublié mon nom ?

— NON ! répliqua nerveusement Otarelle. Je ne l’ai pas oublié… C’est que… que… mon frère s’appelait Gunther et que… je me sens aussi bien avec toi qu’avec lui… Alors, tu comprends, j’ai confondu ! Pardon !

— C’est bizarre, lança nonchalamment Amos, je croyais que les sirènes étaient toutes des femmes ?

— Oui… oui et non, ça dépend de… de… de leur sexe à la naissance, balbutia Otarelle, complètement perdue. MAIS DIS-MOI ! TOI ! Parle-moi un peu de toi. Je veux te connaître davantage…

Amos se transforma alors en un véritable moulin à paroles. Il lui raconta toutes ses aventures, son enfance dans le royaume d’Omain et, surtout, la grande bataille contre le dragon de Ramusberget.

Pendant ce temps, Otarelle eut amplement le temps de saisir discrètement le grand couteau qu’elle avait caché dans les plis de la couverture et de planifier mentalement son attaque.

Baya Gaya allait trancher la gorge d’Amos, juste sous le menton. Elle cacherait ensuite son corps quelque part sur l’île. De retour au camp, elle prendrait la forme physique du jeune garçon et attendrait le moment propice pour assassiner Béorf.

Au moment où la sorcière allait frapper avec force et précision, le jeune porteur de masques lui confia qu’il avait en sa possession un œuf de dragon. La sirène interrompit son mouvement et remit son couteau sous la couverture, puis, plus pétillante que jamais, elle lui demanda :

— Un œuf de dragon ? Tu as un œuf de dragon ! Eh bien, je pense, mon ami, que tu dis cela pour m’impressionner ! Tu as beaucoup de charme, mais je n’avale pas n’importe quelle sornette, tu sais !

— C’est vrai ! s’écria Amos, un peu blessé. Je l’ai même ici, avec moi, sur le navire… Viens, je vais te le montrer ! Ah non… mais non… zut ! Je ne peux pas. C’est Béorf qui l’a caché ! Comme je le connais, il l’aura sorti discrètement à l’accostage pour le mettre ailleurs en sûreté.

— Nous devons donc attendre qu’il se réveille pour lui demander de me montrer cette merveille, soupira Otarelle. C’est vraiment… frustrant !

— Je suis désolé, vraiment désolé, s’excusa Amos.

— Ce n’est pas grave, tu ne paies rien pour attendre ! grogna la jeune et douce sirène.

— Qu’est-ce que tu as dit ?

— J’ai dit… j’ai dit que ça ne me fait rien d’attendre ! reprit Otarelle avec un sourire angélique.

— Bon, je vais dormir maintenant. Je suis épuisé… Tu viens ? Béorf t’a sûrement préparé une place dans la tente.

— Non. Je préfère dormir dans l’eau… Rappelle-toi, je suis une sirène !

— Tu ne vas pas partir durant la nuit ? demanda anxieusement le porteur de masques.

— Non, je suis encore trop faible pour aller rejoindre mes semblables. Pars vite et bonne nuit, j’ai hâte de te revoir demain…

— Moi aussi, répondit Amos, un peu mal à l’aise. Tu sais, c’est la première fois que… comment puis-je te dire ?…

— Je comprends, coupa Otarelle en lui appliquant son index sur la bouche pour le faire taire. Va dormir maintenant !

— Oui, c’est mieux ainsi… Bonne nuit !

Amos, le cœur léger et l’âme réjouie, regagna la tente en s’imaginant avoir trouvé l’âme sœur ! Il sentait en lui une paix profonde. Jamais il ne s’était senti aussi bien avec quelqu’un. Il aurait donné à Otarelle la lune et les étoiles, le monde entier sur un plateau d’argent.

La sirène demeura seule à l’extérieur. En caressant son pendentif, elle murmura :

— Tu vois, Gunther, comme j’ai un grand cœur ! J’aurais pu le tuer, l’assassiner d’un solide coup de couteau. Mais non, il a fallu qu’il me parle d’un œuf de dragon. Peux-tu imaginer, Gunther, ce que nous pourrions faire avec un dragon ? Juste à y penser, j’en tremble ! J’espère que ce petit imbécile ne me mène pas en bateau. Ces béorites pensent dormir pendant trois jours, eh bien, j’ai une mauvaise nouvelle pour eux : ils seront debout demain matin à la première heure. Je dois convaincre ce Béorf de me montrer l’œuf. Ce ne sera pas facile, il est moins bête qu’Amos et résiste bien aux charmes. Il est plus terre à terre, moins poète et moins enflammé ! Je suis contente de voir que je peux encore plaire aux jeunes garçons… N’est-ce pas, Gunther ? Tu te souviens lorsqu’on s’est rencontrés ? Tu avais à peu près son âge ! Hum…, bon, au travail maintenant ! Allons un peu plus loin dans l’île, j’ai quelques potions à fabriquer et quelques sorts à préparer. Je dois aussi me faire belle pour demain… Quel joli nom pour moi, Otarelle, c’est si beau ! Tu aimes ce nom, Gunther ? Oui, je sais, c’est le nom de ta deuxième femme… J’espère que tu n’es pas trop jaloux !

 

La Malédiction de Freyja
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